La transition énergétique de l'Allemagne doit devenir un moteur pour la France et l'Europe
La feuille de route sur la transition énergétique de l'Allemagne a pour Objectif final de réduire de 80 à 95 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.
En matière de production électrique, la fission nucléaire est passée de 30 % en 2000 à 16 % en 2012, tandis que celle des ENR est passée de 3,2 % en 1991 à 22,9 % en 2012, très nettement au-dessus de l’objectif fixé par la Directive européenne sur l’électricité renouvelable.
Le prochain objectif Allemand est de passer à 38,6% de la consommation brute d’électricité d’ici 2020. Il sera largement dépassé si on suit les prévisions actuelles ! Selon les prévisions actuelles de 50 %.
Pour l'éolien:
Prévisions pour 2020: l’éolien devrait produire 25 % de l’électricité consommée en Allemagne. La puissance totale des installations en service a dépassé les 31 GWc en 2013.
Le prix de revient du kWh terrestre est actuellement entre 6,5 et 8,1 centimes d'€ ce qui le rend compétitif sur le marché de gros.
La réglementation a été adaptée pour inciter ce mode de commercialisation, et se passer ainsi du tarif d’achat.
Une inspiration qu'il faudrait imiter dans notre pays !
Pour le photovoltaïque:
Cette électricité a atteint la parité réseau : alors que les tarifs d’achat étaient de 5 €/Wc en 2006, il était de 1,7 €/Wc début 2013.
Les grandes exploitations photovoltaïques offrent des tarifs d’achat de l’électricité qui se situent entre ceux de l’éolien offshore et ceux de l’éolien terrestre.
Il est ainsi naturel de faire de l'autoconsommation et ne vendre que le surplus 60 à 70 % de la production), ce qui va également modifier les modèles économiques et techniques : c’est autant d’électricité en moins à transiter sur le réseau.
L’institut Fraunhofer ISE a ainsi produit en 2012 une étude prospective comportant trois scénarios qui se distinguent de la sorte :
- Remax, surtout basé sur l’augmentation de la production en ENR ;
- SanierungMax, qui se concentre sur la rénovation des bâtiments ;
- Medium intermédiaire entre les deux autres.
Les trois scénarios démontrent que « l’approvisionnement électrique 100 % renouvelable est loin d’être une utopie. L’objectif est au contraire techniquement et financièrement atteignable ». Cette étude a en outre mis en lumière la nécessité de ne pas se
focaliser sur la seule électricité, mais de repenser le système énergétique dans son ensemble.
Toutefois, au-delà de l’électricité, les besoins énergétiques de l’industrie n’ont pas été abordés par l’étude, pas plus que le domaine des transports.
C'est néanmoins ici que les technologies de l'hydrogène peut intervenir en charnière entre les EnR (stockage d'énergie intermittente) et l'approvisionnement de véhicules électriques de grande autonomie avec de l'hydrogène.
En effet, l’un des problèmes les plus pressants à résoudre est le modèle économique.
Le marché de l’électricité repose sur le principe du coût marginal de production, or pour l’éolien et le solaire, ce coût est proche de zéro. Le marché n’est pas encore adapté aux énergies renouvelables variables et il ne fonctionne plus correctement pour les énergies classiques, parce que les
quantités d’électricité renouvelable injectées font chuter les prix, allant même jusqu’à générer des prix négatifs. La grande variabilité de la production entraîne en effet un problème d’équilibre du réseau et lors des périodes de pleine production, le prix de vente l’électricité à la bourse s’effondre.
Une solution: Gérer l’abondance en couplant les réseaux d’électricité et de gaz et ainsi réaliser un véritable réseau énergétique intelligent.
Les périodes de surproduction vont devenir de plus en plus fréquents avec l’augmentation de la puissance installée.
Comment gérer ce surplus ?
Plutôt qu’un stockage en batteries, l’une des solutions les plus prometteuses à grande échelle est celle de l'hydrogène et/ou de la méthanation (et pas méthanisation!) qui consiste à utiliser cette électricité excédentaire pour produire de l'hydrogène par électrolyse de l’eau (pas d'émission de CO2) et l’injecter dans le réseau de gaz, la capacité de stockage de ce réseau dépassant largement les besoins pour absorber les surplus de production d’électricité. l’hydrogène peut ensuite être utilisé pour alimenter les piles à combustible générant de l'électricité, par le processus inverse, pour des bâtiments, des industries, des usines, et tout types de véhicules.
Le processus de méthanation s'obtient par une phase supplémentaire (ce qui réduit le rendement de la chaine de stockage d'énergie), l’hydrogène est ensuite, en combinaison avec du dioxyde de carbone (dont l’industrie ne manque pas!), utilisé pour produire du méthane qui sera injecté dans le réseau gazier.
Ce n’est donc pas avec une filière de gaz que l’électricité est couplée, mais deux.
La filière prometteuse de l'hydrogène nécessitera elle aussi un soutien financier pour décoller et être viable économiquement.
La décision de l’Allemagne d'entrer dans la voie d’une transition énergétique orientée vers les énergies d’origine renouvelable.est une réelle remise en question qui se situe de surcroît à l’échelle d’un des pays les plus industrialisés au monde.
Cette transition énergétique allemande est un important simulateur d’innovations techniques, sociales et législatives qui contraste avec les résistances auxquelles doivent quotidiennement faire face les acteurs des ENR en France, dans un pays encore pétri non pas d'une mais de deux idéologies que sont la fission nucléaire et la centralisation de la production électrique, portées chacune respectivement par les partisans du nucléaire aucunement dangereux et par les conseillers gouvernementaux souvent issus de l'architecture verticale d'EDF.
L'immobilisme de l'état français, de certaine régions françaises et des mastodontes de l'énergie (EDF, GDF-Suez ...) en matière de modèle économique, de décentralisation énergétique, la culture de l'autonomie énergétique (fausse car on importe les combustibles nucléaires), et la propagande d'une électricité peu chère (sans qu'on y inclu tous les coûts liés à sa production) n’est visiblement pas le meilleur stimulant pour l’innovation, le courage et l'intelligence.
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